Les 4 et 5 juin 1960, une dizaine de psychiatres se réunissent à Saint-Alban, en Lozère, pour la première rencontre de ce qui deviendra le GTPSI, le « groupe de travail de psychothérapie et de sociothérapie institutionnelles ».
Son noyau fondateur, composé de François Tosquelles, Jean Oury, Roger Gentis, Horace Torrubia, Jean Ayme, Yves Racine, Jean Colmin, Maurice Paillot et Hélène Chaigneau, gravite autour des deux pôles historiques de la psychothérapie institutionnelle que sont l’hôpital de Saint-Alban et la clinique de La Borde.
Au fil des séances, il sera rejoint notamment par Félix Guattari, Ginette Michaud, Claude Poncin, Henri Vermorel, Michel Baudry, Nicole Guillet, Robert Millon, Jean-Claude Polack, Gisela Pankow et Jacques Schotte.
Quatorze rencontres du GTPSI se succèdent entre juin 1960 et décembre 1966 et sont retranscrites à partir de bandes magnétiques par Brivette Buchanan ; chaque séance est l’objet d’un thème particulier.
Dès le départ, le GTPSI se veut un groupe d’analyse et d’élaboration théorique et didactique qui se propose de « dégager la problématique spécifique de la psychothérapie institutionnelle » (Ayme).
Pleinement engagés dans la transformation radicale du système asilaire et face aux difficultés d’élaboration conceptuelle de la praxis hospitalière, ses membres se donnent pour objectif la recherche d’une « cohérence théorique » (Tosquelles), en vue de créer un « système de référence doctrinal » commun (Oury).
À travers le GTPSI - que l’on peut considérer comme la première tentative collective systématique de penser la psychothérapie institutionnelle en tant que discipline spécifique, voire en tant que science possible -, il s’agit, pour cette génération de cliniciens d’avant-garde, non seulement de pallier les carences fondamentales sur les plans techniques et théoriques de la psychiatrie dont ils héritent, mais aussi de fabriquer des outils conceptuels opérationnels pour la pratique quotidienne de ceux qui travaillent en institution.
À la lecture des archives du GTPSI, deux niveaux de contenu apparaissent souvent indissociables, quelles que soient les séances : les thèmes de discussion et les méthodes de travail du groupe.
Au-delà de la richesse des énoncés théoriques, ces dernières constituent sans doute l’un des apports les plus originaux de cette aventure collective. Car loin de se réduire à une quelconque société savante produisant des exposés à l’abri de toute implication concrète, le GTPSI, groupe sujet en acte, s’engage rapidement sur une voie peu fréquentée dans les cercles de réflexion et autres réunions professionnelles : celle de faire aussi de ce groupe de recherche un groupe de contrôle, dont la règle pour écouter, analogue à la règle fondamentale de l’analyse, s’exprime dans cette formule restée célèbre parmi les anciens participants : « Ne pas s’en laisser passer une ! ».
Groupe de copains, groupe de recherche, groupe de parole, groupe de contrôle : cette plateforme institutionnelle que forme le GTPSI devient très vite un véritable laboratoire d’idées pour la praxis psychiatrique.
Notre intention est de proposer une édition de référence des travaux et discussions du GTPSI à partir des archives des 14 rencontres qui ont eu lieu entre 1960 et 1966 (voir le tableau ci-dessous). La publication des 11 volumes des Actes du GTPSI est prévue dans l'ordre chronologique à partir de fin novembre 2014.
Cette édition se justifie non seulement par l’intérêt historique des travaux de ce groupe, mais également par la nécessité de tisser la trame de ce riche passé dans la texture du présent et de l’avenir de la psychiatrie : la présentation de la collection se trouve dans la rubrique « Éditions » de ce site.
Olivier Apprill
L'article complet est disponible en téléchargement. Olivier Apprill est l'auteur d'une introduction au GTPSI sous le titre Une avant-garde psychiatrique, le moment GTPSI (1960-1966) préfacé par Franck Chaumon et postfacé par Jean Oury, qui retrace l'histoire du GTPSI et offre une bibliographie de ses membres (EPEL, 2013).
Thème | Date et lieu | ||
I. | L'établissement psychiatrique comme ensemble signifiant | Juin 1960, hôpital de Saint-Alban | |
II. | L'argent à l'hôpital psychiatrique | Décembre 1960, Villers-Cotterêts | |
III. | Psychothérapie multiréférentielle en milieu institutionnel | Mai 1961, hôpital de Saint-Alban | |
IV. | Fantasme et institution | Novembre 1961, Grenoble | |
V. | La position du psychiatre | Mai 1962, Mâcon | |
VI. | Phallus et institution | Novembre 1962, n.c. | |
VII. | L'extra-analytique | Mars 1963, Mâcon | |
VIII. | Psychothérapie et institution | Septembre 1963, Mâcon | |
IX. | Le concept de production dans le collectif psychiatrique | Mars 1964, Orléans | |
X. | Transfert et institution | Juillet 1964, Paris | |
XI. | La notion de superstructure en institution | Novembre 1964, Olivet | |
XII. | Surmoi et institution | Avril 1965, Rambouillet | |
XIII. | Fondation de la Société de psychothérapie institutionnelle | Octobre 1965, Paris | |
XIV. | Sur la hiérarchie | Décembre 1966, Paris |